Mondiaux en Salle 2012 : Istanbul, entre désillusion et joie
15 mars 2012Une France peu représentée et bien trop timorée a fait place nette aux favoris. L’Hexagone se rabaisse par la même occasion au rang de ‘’petite nation sportive’’, ce qui corrobore à l’image renvoyée durant ce week-end des Championnats du Monde en Salle à Istanbul. Week-end maussade sur les bords du Bosphore pour la délégation Tricolore.
Une Europe en perte de vitesse
Le temps où l’Europe fêtait ses héros (Bubka, Borzov), et dominait de sa grandeur le monde de l’athlétisme, a été, au cours de ce championnat, bel et bien révolu. Dépassé par l’Afrique sur les longues distances, le vieux continent a fait pâle figure. Le 3000 mètres remporté par Obiri (Kenya) en 8’37’’16, se veut représentatif du mal européen à rivaliser sur ces distances. Les éthiopiennes Defar (8’38’’26) et Burka (8’40’’18), complètent un podium résolument africano-africain. La première européenne de cette finale figure à la sixième place. Un rang qui peine à satisfaire nos condisciples. Mais, les athlètes de notre continent ne peuvent évoluer au même niveau que les coureurs de la partie occidentale de l’Afrique ; région en perpétuelle régénération qui se montre de plus en plus incisive dans la quête aux médailles.
Et cette jeune génération prend le relais et marche sur les traces de ses aînés, comme le prouve Dibaba sur 1500 mètres (4’05’’78), qui s’octroie la couronne mondiale. Cette dernière inscrit son premier titre majeur à son palmarès international, jusque-là, vierge. L’éthiopienne est talonnée par Alaoui (4’07’’08) qui devance la coureuse turque, idole d’un jour, Cakir (4’08’’74). La Français Dehiba est repoussée au cinquième rang. Le Kenya, autre protagoniste du week-end, a fait table rase sur le 800 mètres. Grâce à Jélimo (1’58’’83), et continue sa moisson de sacres, qui plus est, en battant une nation avant-gardiste de l’épreuve, à savoir l’Ukraine représentée par Lupu (1’59’’67). L’Américaine Moore gravit la troisième marche (1’59’’97). Sa compatriote Richards (50’’79) a fait mouche sur 400 mètres. La championne du monde de 2009 a devancé Fedoriva (51’’76) et Hastings (51’’82). La seule victoire jamaïcaine nous vient du 60 mètres et de sa championne Campbell-Brown (7’’01) qui a évincé Ahouré (7’’04) et Madison (7’’09).
Le déficit de rivalité Européen / Américano-Africain, intervient non seulement sur des distances longues mais aussi sur la ligne droite. Ainsi, la seule européenne de la finale (Lalova, 7’’27) se contente de la…dernière place. Enfin, Sally Pearsons s’adjuge aisément le titre sur 60 mètres haies (7’’73) et échoue à cinq centièmes du record du monde (7’’68). Cette dernière a littéralement terrassé ses adversaires du jour : Porter (7’’94) s’immisce sur le podium suivit de Talai (7’’97).
Plus haut, plus vite, plus fort
La célèbre maxime de Pierre de Coubertin n’a pas été à l’honneur au cours d’un championnat du Monde indoor peu réjouissant.
Excepté le titre de Reese en longueur (7m23) qui a embrasé ce concours, et le retour aux affaires d’Isinbayeva (4m80) à la perche, le saut en hauteur a été de qualité médiocre. Et pour cause, Lowe remporte le plus précieux des métaux, après avoir franchi (seulement) 1 mètres 98. A noter la seconde place de Vanessa Boslak à la perche (4m70) qui a éclairé ce week-end français relativement infructueux. « Cette médaille, je l’attendais depuis tellement longtemps. Je suis passée plein de fois à côté et après toutes ces galères, je me suis dit en bout de piste : « C’est aujourd’hui et pas demain ! »» a déclaré la française à l’Equipe. Enfin, au triple saut, Savigne n’a pas réitéré sa performance de Berlin en 2009 (Première) et échoue au pied du podium. Podium où figurent Aldama (14m82), Rypakova (14m63) et Gay (14m29).
Le triple A, ennemi de l’Europe
Après l’Afrique et l’Amérique, c’est au tour d’Adams de faire cauchemarder le vieux continent. Devançant Ostapchuk (20m42) et Carter (19m58), la néo-zélandaise n’en finit plus d’écraser le concours du Triple Saut (20m54).
Le cap vers les Jeux Olympiques est désormais levé. Le spectacle promet d’être au rendez-vous. En espérant que l’Europe puisse être l’un des protagonistes de cette compétition, ô combien importante.