Pierre Vincent : « Trop tôt pour parler de mon avenir »
16 août 2012Le sélectionneur de l’équipe de France de basket, médaillée d’argent aux Jeux de Londres, n’est pas certain de poursuivre l’aventure avec ses filles. Pourtant, il se réjouit des cinq ans passés à la tête de ce groupe avec lequel il a obtenu des résultats probants.
Pierre Vincent, le sélectionneur de l’équipe de France de basket féminin est un homme comblé. « On est super content », nous confiait-il en début de semaine au 33e étage d’un grand hôtel parisien qui accueillait les Braqueuses à leur retour des JO. La tête dans les nuages, le patron des vice-championnes olympiques ne veut même pas tirer la couverture à lui. « Nous on est un peu en marge de tout cela par rapport aux athlètes, ils ont été exposés, nous on est plus en retrait, expliquait-il parlant aussi au nom de son staff. Mon plus grand plaisir dans une campagne c’est le dernier soir. Hier soir (lundi soir, NDLR), on était dans un petit restaurant, il y avait de la musique, tout le monde était sur la piste, dansait. Pour moi c’est un vrai plaisir de voir les filles heureuses car on travaille tous pour ça. »
« On existe depuis quelques années en gagnant »
Il y a cinq ans, Pierre Vincent a pris la tête de la sélection tricolore avec un objectif précis : « se qualifier pour les JO et y performer ». Le but a été atteint et avec brio avec cette médaille d’argent remportée après un parcours presque parfait. « C’est cinq ans de travail, c’est beaucoup de boulot, a assuré le technicien. La couverture médiatique n’est pas toujours à la hauteur de la performance. Le sport féminin n’est pas toujours aussi exposé que le sport masculin, même s’il gagne. On a plus gagné que les garçons mais ils sont plus médiatisés car ils ont des stars mondiales. Mais nous on existe depuis quelques années en gagnant ». Et Pierre Vincent d’égrainer le palmarès de ses ouailles. « On a médaille d’or (2009), on a une médaille de bronze (2011), une médaille d’argent olympique. C’est ça qui change. On a eu la chance d’être exposés sur une compétition qui est différente pour nous. Ce n’est plus la FFB, c’est le pays ; c’est la patrie, c’est une autre dimension et on en a bénéficié », a-t-il reconnu.
L’aventure des Braqueuses à Londres a séduit le public français venu en masse lundi sur les Champs-Elysées pour acclamer ses nouvelles héroïnes. Du jamais vu pour des athlètes français ayant participé aux Jeux. « On vit un moment difficile. On parle de crise, de la récession, il y a des gens qui souffrent, a tenté d’analyser le coach. Le sport a cela de positif qu’il vous renvoie à vos valeurs : on se raccroche au plaisir, à la joie, à la performance ».
L’image renvoyée par ses joueuses a aussi contribué a créé un lien avec les gens. « On n’est pas à l’abri de débordements, a admis Pierre Vincent. Toutefois, on essaye de faire en sorte d’avoir un comportement digne et respectable. Elles sont regardées par toute une jeunesse, il y a plein de jeunes basketteuses qui sont fans qui les regardent évoluer. On se doit de donner une bonne image ».
« Dans cette équipe, chacun reste à sa place »
Sur un plan sportif, Pierre Vincent a aussi relevé quelques satisfactions comme « le rayonnement de (ses) arrières ». « On avait une équipe costaud. On n’a pas d’énormes qualités techniques, on peut progresser. Dans la maitrise tactique, c’est pareil, on n’est pas toujours extraordinaires. Mais on a vraiment de l’engagement, de la discipline, l’envie de partager ensemble des choses, a-t-il souligné avant de préciser sa pensée. La valeur de cette équipe c’est que chacun reste à sa place : il y a des joueuses qui ne savent pas faire beaucoup de choses, mais elles savent ce qu’elles savent faire et elles le font bien elles ne vont pas essayer de faire autre chose. C’est rare dans le sport collectif, tout le monde aspire à être reconnu en voulant faire des choses en plus qu’elles ne maîtrisent pas forcément. C’est la force de cette équipe et c’est beau message à faire passer ».
Alors que la France accueillera en 2013 l’Euro de basket, Pierre Vincent n’est pas encore fixé sur son avenir. « Pour le moment, on va débriefer avec le DTN et le président de la FFB. Mon engagement était jusqu’en 2012, on s’est vu l’année dernière car ma situation professionnelle avait changé (il a pris en charge l’équipe masculine de Villeurbanne NDLR). Il a été question que je ne fasse pas les JO. On était tombé d’accord sur le fait que je puisse les faire. Pour le moment, il est trop tôt pour parler de mon avenir. On va se rencontrer avec les dirigeants et on communiquera en temps utile », a-t-il conclu.