Grappling – A la découverte de Roxane Cusson, médaillée de bronze européenne
26 septembre 2017Cet été nous avons fait la connaissance de Roxane Cusson, ceinture de bronze au dernier championnat d’Europe de Grappling, nom utilisé pour le Ju-Jitsu Brésilien (JJB). Elle nous raconte son parcours atypique ainsi que les diverses subtilité de ce sport.
Peux-tu nous en dire plus sur ce qui diffèrent entre la lutte, le grappling et le JJB ?
Entre le grappling et le JJB, tout est une histoire politique, car il existe trois fédérations dans le monde :
– IBJJF (International Brazilian Jiu-jitsu Fédération) qui est la fédération officielle et historique du JJB,
– UAEjjf : Fédération montée par les Emirats Unis, qui grâce à l’argent versée, organise des événements et compétitions avec des primes,
– UWW (United World Wrestling) : j’appartiens à cette fédération, qui est une fédération de lutte, d’où le nom de grappling à la place de jiu jitsu. L’UWW ne peut pas utiliser le nom de JJB du fait que ce nom appartient à l’IBJJF.
Du point de vue des règles, on commence debout mais la finition diffère entre la lutte et le JJB. A la lutte, une fois que la combattante tombe au sol, le combat est terminé, pour le JJB ou grappling tout notre combat se continue au sol, c’est là où notre travail est important, car on gagne par soumission, clés de bras…
Maintenant que c’est plus clair dans nos esprits, peux-tu nous raconter comment tu es arrivée au JJB ?
Cela fait 3 ans que je me suis lancée dans le JJB, un peu par hasard sans avoir de passé dans le sport de combat. Je faisais de la danse et de l’équitation. J’ai commencé dans un super club à Rennes, où il y avait une excellente ambiance. Le club s’appelle ZR Team à Rennes, coachée par Yvan Chalonny. J’ai très vite appris grâce à cette équipe, j’avais plaisir à aller aux entraînements, ce qui me donnait envie de persévérer dans ce sport. Au bout de 6 mois j’ai participé à ma première compétition alors qu’à la base je ne suis pas compétitrice.
J’ai accepté de la faire car ca se passait bien avec ma bande de copains, et comme ils y allaient tous, j’ai décidé de les suivre. C’était une compétition Régionale, sans me rendre compte à l’époque de l’enjeu qu’il pouvait y avoir derrière. J’ai fini première à ma grande surprise, en gagnant face à des filles qui avaient plus d’expériences que moi, dont une qui était ceinture noire de judo. Aujourd’hui je suis ceinture bleue, la violette, marron et noire suivront ensuite.
A ce jour, c’est un de mes meilleurs souvenirs, et c’est l’élément déclencheur de toute l’aventure que je vis maintenant.
Comment t’es tu qualifiée pour les championnats d’Europe ?
En décembre, j’ai décidé de tenter d’avoir une place dans le groupe France. Pour y arriver, il faut faire plein de petites compétitions nationales et engranger un maximum de points en fonction du classement. Et gagner les championnats de sa région. Depuis que j’ai commencé dans le JJB, je n’ai jamais fait moins qu’un podium. De plus, pour me qualifier en Equipe de France, j’ai décidé en Janvier de changer de catégorie. Jusqu’à présent je combattais à -64kg, et maintenant -58kg. C’était plus jouable pour moi de combattre dans cette catégorie, en ne pesant que 60kg, c’était plus simple de perdre 2 kg. J’ai pris une très bonne décision car je me sens beaucoup mieux, et étant plus grande (1m71) que les autres filles, ça me donne un avantage. J’ai ensuite gagné le championnat des Pays de la Loire, par abandon de deux de mes adversaires que j’avais déjà gagné auparavant, dans d’autres compétitions.
Avec ces points engrangés, j’ai pu participer aux Championnats de France en avril. A savoir qu’avec la fédération de l’UWW, il n’y a pas de catégories de ceintures chez les femmes, juste de poids, du coup tout le monde est mélangé. J’ai gagné en kimono, et le lendemain, en tenue de grappling (short et t-shirt près du corps, tenue qui s’assimile à la lutte). Je ne m’entraîne jamais avec cette tenue, je suis habituée au kimono. Je me suis donc lancée comme ça, et j’ai aussi gagné ! J’ai donc pris deux places dans l’EDF, une avec kimono, et l’autre sans.
La semaine qui suivait, nous sommes partis au Championnat d’Europe en Serbie. Au second tour j’ai perdu face à une Polonaise expérimentée, puis repêchée pour la troisième place. J’ai eu la médaille de bronze en no-gi (sans kimono), et je me suis faite sortir le lendemain avec, au premier tour face à cette même Polonaise qui m’avait battue la veille. Au repêchage j’ai également perdu. Etant végétarienne, je n’avais rien pu manger et j’ai perdu 2kg en 24h, je n’avais plus de forces pour combattre.
Qu’est ce que ces nouvelles expériences t’ont apportées ?
J’ai compris que je pouvais faire des résultats sympas, que toute seule j’étais capable et que je pouvais avoir des médailles. Je suis arrivée aux Championnats d’Europe sans pression, et finir avec une médaille de bronze est une satisfaction du fait de ma jeune expérience. Ca a été compliqué de changer de club, car à Rennes j’avais ma bande d’amis, et là je me retrouve dans un club qui a à peine un an, avec un nouveau coach qui a pas le même jeu que ce que j’étais habituée. J’ai moins de jours d’entraînements, du coup je compense par un entrainement de force et cardio avec du cross fit.
Dans ma vie personnelle, j’ai déménagé de région et je suis à Nantes. J’ai changé de travail mais ces derniers ne soutiennent pas mes démarches sportives. Toutes mes vacances se consacrent aux divers entraînements et compétitions. N’étant donc pas professionnelle, j’ai la chance aujourd’hui d’avoir la marque Boa qui m’équipe en tenue d’entrainement et autres. Ils me donnent tout ce dont j’ai besoin, et ne vivant pas de mon sport, c’est un avantage et un coût en moins.
Roxane Cusson participera aux Championnats du Monde qui ont lieu à Baku (Azerbaïdjan) du 7 au 17 octobre. Pour suivre son actualité, vous pouvez suivre son compte Instagram : @roxane_bjj