Nadia, Butterfly : un film sur la solitude dans la natation
23 août 2021En cette année olympique, il nous a été donné de visionner Nadia, Butterfly. Ce film québécois sur la natation met en lumière la fragilité d’une sportive de haut niveau qui décide que les JO de Tokyo seront sa dernière compétition. Sélectionné pour le festival de Cannes 2020, le film touche au but malgré de nombreuses longueurs.
Le synopsis du film annoncé dans le dossier de presse est le suivant : À 23 ans, Nadia prend la décision controversée de se retirer de la natation professionnelle et de s’affranchir d’une vie de sacrifices. Après une dernière course, les excès cachés du Village olympique offriront à Nadia un premier souffle de liberté. Mais à mesure qu’elle plonge dans l’inconnu, les doutes surgissent : qui est-elle réellement ?
Une réalisation soignée
Le but du film de Pascal Plante est de « faire une incursion sociologique dans l’envers du décor olympique, » dixit le réalisateur. « Proposer un point de vue différent de celui capté tous les quatre ans par les caméras de retransmission. Les Jeux Olympiques, c’est un peu le Las Vegas du sport : ce qu’on en montre est toujours très beau, très glamour, très policé. Mais la réalité est très différente. On est loin du conte de fée tout rose… Je voulais capter tout ce que les caméras officielles ne regardent pas. » Lui même ancien nageur de haut niveau (il a fait les sélections canadiennes pour les Jeux de Pékin 2008), le réalisateur prend son temps.
Le film est centré sur son personnage principal, Nadia. Les premières séquences de la nageuse qui n’arrive pas à cacher pas sa déception après une course individuelle manquée sont filmées lentement. D’abord pour nous montrer ce qui se passe après une course, dans les coulisses. Ensuite pour nous plonger dans l’esprit du personnage. Certaines scènes sont tournées caméra à l’épaule, notamment autour des bassins et durant les courses, pour immerger le spectateur. Lui donner les clés pour comprendre ce qui passe par la tête de l’athlète. Grâce à un son très travaillé, on est à la limite du documentaire. Là aussi, l’idée de l’immersion au coeur de l’histoire est la priorité.
Le revers de la médaille
Jouée par Katerine Savard, le personnage de Nadia se pose des questions, s’isole, . « Au Québec, tout le monde sait qui est Katerine Savard. C’est un peu notre Laure Manaudou, » explique le réalisateur. Toutes les nageuses du film le sont également dans la vie, ce qui donne du crédit à cette histoire. Et donc du crédit à son personnage principal qui subit des pressions de toutes parts : sportive, sociétale, amicale…
Si le film semble aussi réaliste que possible, il manque surtout de rythme. Adepte des plan-séquences, le réalisateur en abuse un peu. Certaines scènes trainent également trop en longueur et on se demande où le réalisateur veut nous emmener. Et pourquoi c’est si long. Si les musiques sont bien choisies, elles ont du mal à cacher la lenteur de certaines scènes. Au fur et à mesure, on devine la volonté du réalisateur : montrer la solitude d’une athlète qui vit pourtant son rêve olympique.
Nadia, Butterfly réussit tout de même son pari. Sa sélection dans 11 festivals en 2020 dont celui de Cannes, en est une preuve. C’est un film de sport qui ne parlera pas qu’aux amateurs de sport, c’est avant tout un drame psychologique qui interroge. Qu’est-ce qui se passe quand on décide que tout s’arrête ?
Nadia, Butterfly
1h47
Sortie le 4 août 2021.
La bande annonce :