La gym américaine ébranlée par un scandale d’abus sexuels
28 janvier 2018Depuis plusieurs semaines maintenant, les États-Unis sont secoués par une affaire sans précédent dans l’histoire du sport, qui touche une discipline majeure de la culture américaine : la gymnastique artistique.
Cette semaine s’est conclu dans le Michigan, au tribunal de Lansing, le procès du docteur Larry Nassar, médecin en chef de la Fédération Américaine de Gymnastique depuis 1996, mais également médecin du sport auprès de la « Michigan State University » depuis 1997, accusé de crimes sexuels. Pendant plus d’une semaine, de nombreuses jeunes femmes se sont ainsi succédées à la barre pour dénoncer les abus sexuels dont elles ont été victimes de la part de ce dernier, qui s’est vu infliger une peine de 175 ans de prison ferme. Au total, plus de 150 victimes ont été recensées, parmi lesquelles on trouve notamment les championnes olympiques Alexandra Raisman et Simone Biles.
C’est le journal « The Indianapolis Star » qui a révélé l’affaire au grand public en 2016, sans pour autant citer de nom. Plusieurs victimes ont ensuite témoigné publiquement de ce qu’elles avaient vécu et le docteur Larry Nassar est alors rapidement apparu comme étant l’auteur de ces nombreux abus. L’ancien médecin a écrit une lettre d’excuse qui a été rejetée par la juge Rosemarie Aquilina, qui aura marqué les esprits durant tout le procès par ses prises de positions et notamment par ce geste qui est devenu un symbole et qui a tourné longuement sur les réseaux sociaux. « Je viens de signer votre arrêt de mort, » s’est même permise la juge américaine à l’annonce du verdict.
Judge Rosemarie Aquilina tosses aside Larry Nassar’s letter and creates a GIF for the ages https://t.co/hkAgXgrC4f pic.twitter.com/y0aqv3p8pc
— Lansing State Journal (@LSJNews) 24 janvier 2018
Cette affaire, révélée par les médias, remet en cause en grande partie le fonctionnement du système américain, qui n’a pas été capable de protéger ses gymnastes. De plus, nombreuses sont les personnes qui ont condamné le temps mis par les différentes instances fédérales pour dénoncer et mettre fin à ces agressions sexuelles graves, que ce soit de la part de la fédération américaine (USA Gymnastics), de la direction de l’université de l’État du Michigan, ou encore du Comité Olympique Américain. « Si seulement durant toutes ces années, un adulte avait écouté et avait eu le courage et le caractère pour agir, cette tragédie aurait pu être évitée », a déclaré la multiple médaillée olympique Alexandra Raisman, lors de son passage à la barre. L’annonce publique du scandale a d’ailleurs été suivie de nombreuses démissions, parmi lesquelles on trouve celle de l’ancien président de USA Gymnastics, Steve Penny.
La direction de la fédération a d’ores et déjà pris la décision de fermer l’emblématique « Karolyi Ranch », fondé par le légendaire couple de Roumains Martha et Bela Karolyi, et dans lequel les meilleures gymnastes du pays se réunissaient tous les mois. S’il représentait un lieu phare du succès de l’équipe nationale américaine, il s’agissait également d’un endroit où de nombreuses victimes ont été agressées.
Ce scandale dont l’ampleur est considérable, a ainsi montré les limites d’un système qui a rayonné dans le monde entier par sa suprématie sportive, mais qui ne semble pas pour autant s’être préoccupé de l’intégrité de ses athlètes.
Feelings… 💭 #MeToo pic.twitter.com/ICiu0FCa0n
— Simone Biles (@Simone_Biles) 15 janvier 2018