Marjorie Mayans : « La priorité, c’est les JO de Rio. »
19 septembre 2015La saison de rugby féminin reprend ce week-end, avec les premiers matchs de TOP 8 et du Challenge Armelle Auclair. L’occasion de parler rugby avec Marjorie Mayans, une des plus grandes joueuses françaises de sa génération.
Élément central de l’équipe de France à 7, mais aussi régulièrement appelée à jouer avec le XV de France Féminin, la « reine des plaquages » nous avait accordé un entretien lors des phases finales du championnat de France de rugby à 7 cet été. Retour sur sa belle saison en club (Blagnac Saint-Orens) mais aussi et surtout la qualification de l’équipe de France à 7 pour les JO de Rio en 2016.
Commençons par parler de ton club, le BSORF : comment s’est passée ta saison 2014-2015 ?
J’ai fait quasiment tous les matchs avec Blagnac. Nous sommes arrivées en demi-finale, c’est donc une saison plutôt réussie sachant qu’on jouait le maintien depuis 2-3 ans . On a échoué contre Montpellier, donc il n’y a pas à rougir de ce résultat.
Tu n’as pas joué pour les phases finales à 7 avec ton club?
Ce week-end c’est repos ! Avec la saison très éprouvante que j’ai passé, je trouvais que ce n’était pas du tout utile de jouer. Le BSORF a une équipe très performante à 7 , c’est aussi très agréable de voir les copines jouer. C’est bien de jouer mais parfois c’est encore mieux de regarder le 7 !
Comment analyses-tu la saison de l’équipe de France à 7 ?
Notre saison se termine vraiment bien, même si on a eu des moments de doutes.
Comment expliques tu la fin des World Series qui a été plus difficile pour vous ? Vous n’étiez peut-être pas vraiment attendues sur le circuit en début de saison ?
On fait en effet un très bon début de saison, mais on a fait quelques tournois où on finit 6èmes, ce qui nous a fait perdre de l’avance sur les anglaises notamment. On a donc commencé à stresser, et nous avons abordé le tournoi d’Amsterdam avec le couteau sous la gorge en se disant que les anglaises ou les américaines étaient à 2 ou 4 points derrière nous. On n’avait donc pas le droit à l’erreur.
Vous vous êtes donc mis trop de pression ?
Oui on a trop stressé, on ne pensait qu’à la qualif (Ndlr : pour les JO de 2016, seules les 4 premières places à l’issue des World Series étant qualificatives). Cela nous a fait déjouer, on avait aussi 3 blessées, ce qui pèse beaucoup sur un groupe de 12 joueuses…
Après cet « échec » relatif aux World Series, vous étiez donc remontées à bloc pour les Championnats d’Europe ?
Oui, on a réussi à enlever tout ce stress, on a réussi à avoir une pression positive en arrêtant de penser à tout prix aux JO. Ça a été fructueux. On finit 2èmes lors de la première étape à Kazan suite à notre défaite de 4 points contre les russes, mais nous sommes arrivées à Brive (2ème et dernière étape) avec beaucoup de confiance. On a pris notre revanche en demi-finale contre la Russie, toutes les conditions étaient favorables pour remporter ce Championnat d’Europe.
Tu as beaucoup joué à XV aussi depuis le début de ta carrière, comment as-tu fait ton choix entre le 7 et le XV ?
Ce n’est pas nous qui choisissons en fait… Le staff de la fédération fait en fonction des objectifs annuels : l’année dernière, la priorité a été mise sur le XV car il y avait la Coupe du Monde, mais cette année on jouait la qualification pour Rio, donc la priorité affichée était le 7. Mais le Tournoi des 6 Nations reste important, donc on a été rappelées pour deux matchs avec Shanon (Izar, LMRCV). Le staff du XV de France est nouveau, donc ils voulaient peut être aussi voir certaines filles du 7 sur un jeu à XV.
« La priorité sera forcément sur le 7 car on joue à Rio. »
Et pour la saison prochaine ?
On ne se sait pas trop comment ça va se passer… La priorité sera forcément sur le 7 car on joue à Rio, mais ça reste possible que quelques filles fassent des piges à XV.
As-tu une priorité ou une préférence entre les deux disciplines?
Oui clairement la priorité est sur le 7, mais après j’adore le XV et j’irai avec plaisir s’ils ont besoin de moi et si c’est compatible sans me faire accumuler de la fatigue excessive.
N’as-tu pas l’impression que la FFR t’a imposé le 7 ?
Non ! Ils choisissent entre eux mais nous on connait les objectifs. On a signé pro à 7, c’est le jeu !
Justement, par rapport au statut pro / semi-pro, où en êtes vous ? Tu le vis comment ?
C’est donc un statut semi-professionnel, c’est-à-dire qu’on était à mi-temps cette saison. Cela signifiait qu’on avait l’obligation d’avoir soit un cursus scolaire soit un travail à côté. Deux joueuses sont salariées, et pour les autres nous avons toutes été inscrites dans le supérieur pour les études. Ça a été plus ou moins réussi car c’est très compliqué de tout gérer! Personnellement je suis en Master 2 Sciences Politiques / Politique et Sécurité à Toulouse, mais ça a été compliqué de récupérer les cours, de passer les partiels…
Oui il y a aussi beaucoup d’aller-retour à Marcoussis j’imagine…
Voilà c’est surtout ça, l’avion tous les week-ends… On passe une grande partie de notre vie dans les transports !
Comment va évoluer le statut pro la saison prochaine ?
On passe à ¾ temps, l’objectif c’est clairement les JO. S’il faut faire une année d’étude supplémentaire après on le fera, mais la saison prochaine l’objectif est uniquement sportif.
Tu es une des joueuses dont on parle le plus, notamment grâce à tes plaquages nombreux et puissants, comment vis tu ce rapport aux médias ?
Pour moi c’est quelque chose dont il faut profiter, on a eu de la chance d’être médiatisées pendant la Coupe du Monde. Après la Coupe, on a senti des retombées positives. On apprécie, même si on sait qu’il ne faut pas que ça nous monte à la tête et qu’on en oublie l’important, qui est le côté sportif. C’est aussi une obligation qu’on a de répondre aux médias et de donner une bonne image du rugby féminin.
L’été prochain vous serez à Rio, j’imagine qu’il y a encore 2 ou 3 ans tu n’aurais jamais imaginé ça…
Oui c’est génial ! On y pense depuis un an et ça s’est concrétisé. Mais ce n’est que le début, on est qualifiées mais maintenant il va falloir revenir avec une médaille !